Un chouette roman :

317 pages, paru en 2019, existe en poche

Lilou et son fils Marius quittent Paris pour Nice. Lilou veut vivre autrement, voir la mer, donner à Marius la chance de grandir au grand air. Elle est biliothécaire et s'acclimate bien à sa nouvelle vie.

Chaque jour, dans le parc près de chez elle, elle voit Aurore, une dame très âgée, très calme. Petit à petit, elles font connaissance. Aurore attend Albert, chaque jour, elle attend son amoureux, parti aux Etats-Unis juste après la Seconde Guerre Mondiale. Elle devait le rejoindre, ça ne s'est jamais fait.

Pourquoi ?

Lilou s'attache à la vieille dame et cherche à l'aider. La voilà plongée en 1949, à travers les lettres d'Albert que lui a remis Aurore.

Et c'était passionnant !

On navigue entre maintenant et 1949, entre ce grand grand amour et la vie actuelle, entre ce qui s'est passé et l'explication qu'Aurore n'a jamais eue.

J'ai beaucoup beaucoup aimé ! Et la fin est aouaaaaaaaaah ! Je ne l'ai pas vue venir !

J'avais beaucoup beaucoup aimé Le bal des Folles. C'est donc tout naturellement que je me suis jetée sur le tout nouveau roman de Victoria Mas :

224 pages, paru en août 2022

La couverture est magnifique !

Mais je suis passée à côté. Complètement

Ça se passe principalement sur l'île de Batz, en Bretagne.  Ça partait bien pourtant !

L'histoire, rapidement : sœur Anne est entrée dans la foi à 14 ans.  Pour se sortir d'une enfance terrible. Elle s'engage dans la religion avec un but : voir la Vierge Marie. Une sœur âgée lui a d'ailleurs dit qu'elle la verra, en Bretagne. Elle souhaite cette apparition de tout son coeur, de toute son âme.

Alors lorsqu'on propose une place en Bretagne à sœur Anne, elle n'hésite pas une seconde. Elle qui n'a jamais quitté son couvent part sans réfléchir.

La Vierge Marie apparaît bien. Mais sur l'île de Batz et à un enfant, Isaac.

J'ai trouvé le roman brouillon, pas abouti, pas clair, trop mystique....bref, pas pour moi. Je suis tout de même allée jusqu'au bout, histoire de justifier mon achat. Mais bon, j'aurais pu m'en passer ! Next !

J'ai adoré ! Commencé sur les conseils de Cécile, je ne l'ai plus lâché :

436 pages, paru en août 2022

William Lavery est un jeune embaumeur de 19 ans. Il est très très talentueux et a choisi un métier passion.

Les embaumeurs le sont de famille, il s'agit rarement d'un métier choisi mais d'un passage de relai entre père et fils. Son père Paul, qu'il a perdu très jeune, et son grand-père, étaient embaumeurs. Le métier est resté dans sa famille, avec son oncle Robert, frère jumeau de Paul.

En 1966, William est à sa soirée de remise de diplôme lorsqu'une terrible nouvelle arrive, une catastrophe abominable : la petite ville minière d'Aberfan a subi l'effondrement d'un terril. L'école est ensevelie sous la mine écroulée, cette montagne qui a recouvert principalement l'école. 116 enfants n'en sortiront pas vivants.

William se porte volontaire pour aller s'occuper de ces enfants, pour que les parents puissent effectuer leur deuil. Ce sont les premières pages de ce roman incroyable, qui ne donnent ni dans le voyeurisme, ni dans le pathos, mais dans une "terrible délicatesse", dont ont fait preuve les embaumeurs présents, ne dormant plus tant qu'il restait des enfants à rendre le plus présentables possibles.

On découvre alors qu'il ne parle plus à sa mère Evelyn, ni à son meilleur ami Martin, et que cette épreuve qu'il traverse va le marquer à jamais, lui faire remonter un passé qu'il tente d'enfouir, en vain. William n'était pas destiné à l'embaumement, mais au chant. Doté d'une voix remarquable, il passe 4 ans dans une école prestigieuse. Il intègre une chorale à 10 ans, dans le but obstiné de chanter le Miserere d'allegre au bout de ces 4 ans.

Le métier d'embaumeur est-il un moyen pour Paul de réparer les autres, ou de se réparer lui ?

Il s'agit d'un roman remarquable sur tous les plans, ne passez pas à côté de cette pépite !

Il me tardait de lire ce roman. La couverture m'attirait beaucoup, ainsi que le titre, et j'avais beaucoup aimé le précédent :

400 pages, paru en septembre 2021, existe en poche

Nous sommes en 1748. Bess Bright est une jeune vendeuse de crevettes à Londres. 9 mois auparavant, elle s'est faite avoir par un beau parleur qui ne lui a plus jamais donné de ses nouvelles après l'avoir séduite. Plus de nouvelles, mais un encombrant souvenir : Bess est enceinte. Incapable d'élever cet enfant, elle le confie le jour même de sa naissance à l'orphelinat de l'hôpital de Foundling. En laissant le bébé, elle promet qu'elle reviendra chercher sa petite Clara dès qu'elle aura réuni assez d'argent. En gage de sécurité, pour pouvoir prouver qu'elle est la maman, elle donne le seul objet du père (Daniel, entre-temps décédé) : un demi-coeur gravé en os de baleine.

Cela lui prendra 6 ans, 6 ans à continuer à vendre des crevettes, en compagnie de son père Abe. Elle est très attachée à son frère Ned, bien que celui-ci soit marié et devenu alcoolique.

Au bout de 6 ans, soutenue par son amie, Bess retourne à l'orphelinat chercher sa petite Clara. Sauf qu'elle n'y est plus. Abassourdie, Bess apprend que quelqu'un, qui s'est fait passer pour elle, est venue chercher le bébé le lendemain du jour où Bess l'a amenée. Qui a pu se faire passer pour elle ? Savoir qu'elle avait déposé un demi-coeur ? Connaître son nom ? Voler son bébé !

Car il s'agit bien d'un vol, un vol de bébé, le vol de ce qu'elle a de plus cher. Et une mère est capable de trouver toutes les ressources quand il s'agit de son enfant....

Je vous laisse découvrir la suite, parce que ce roman est incroyable !

Il y a longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un Douglas Kennedy. Le titre de son dernier roman m'a interpelée :

255 pages, paru en mai 2022

Brendan est chauffeur Uber. Pas par choix, mais justement parce qu'il n'a pas le choix. Il avait un poste à responsabilité, mais il a été viré, à 57 ans. Chaque journée, chaque semaine, n'est qu'une course perpétuelle pour obtenir des clients, gagner un peu d'argent, et il est épuisé, parce que même en travaillant non-stop, il peine à gagner le minimum pour survivre.

Fils d'émigré, il a été élevé dans une tradition chrétienne très contraignante, où son père exigeait de lui qu'il accepte tout. C'est ainsi qu'il a suivi des études qu'il n'aimait pas, mais qui ont fait plaisir à son père...

Marié à une femme qui s'est réfugiée dans la religion catholique extrémiste après le décès de leur bébé, il se contente de survivre. Ils ont eu une fille, Klara, qui n'a plus que peu de rapports avec sa mère. Klara est une jeune femme engagée. Après de brillantes études, elle a décidé de travailler dans un foyer qui apporte de l'aide aux femmes battues.

Un jour, Brendan conduit une femme, Elise, jusqu'à une clinique qui pratique des avortements. En repartant, il est témoin d'un drame : un motard arrive et lance une bombe dans la clinique.

A partir de ce moment, le roman bascule et il devient impossible de le lâcher !

Il est question de violence, d'intolérance, d'extrémisme, de droits baffoués, de trahisons, mais aussi, et surtout parce que Brendan est un homme bien, de bienveillance, d'aide, d'entraide, de gentillesse, de choix à effectuer, de chemins de vie !

Je suis tombée par hasard sur cet entretien de Douglas Kennedy, au moment où j'étais à la moitié du roman :

C'est très intéressant et permet de comprendre pourquoi il l'a écrit.

J'ai adoré !

A l'inverse, j'ai commencé et arrêté rapidement :

Ni fait ni à faire, ce sera mon seul commentaire....Qu'on le voit partout me laisse perplexe...

Quel roman !

480 pages, paru en août 2022 rentrée littéraire 2022

Nous sommes en 1984, dans la petite ville de Breathed, dans l'Ohio.

Cet été-là sera un été de canicule et de beaucoup de malheurs. Fielding a 13 ans, un frère aîné de 18 ans, Grant, qui est adoré de tout le monde et qui aime tout le monde. Leur père est un procureur droit et admiré. Leur mère refuse de sortir de la maison. Alors sa maison est devenue le monde, chaque pièce est un pays.

Pour une raison qui échappe à tous, le père, qui s'appelle Autopsy Bliss, publie dans le journal local une annonce. Il demande au diable en personne de venir, de se présenter à lui.

Curieusement, le lendemain, c'est un jeune de 13 ans qui arrive et dit être le diable. Ils le surnomment Sal et le laissent s'installer chez eux. Il est noir, il a de magnifiques yeux verts, porte une salopette dégoutante. Qui est-il ? Est-il vraiment le diable ou un enfant ordinaire ? Si c'est un enfant, d'où vient-il ? A-t-il de la famille, des parents qui le cherchent ?

On suit cette adoption qui ne dit pas son nom, au cours d'un été affreux où tout va déraper, malgré tout l'amour et la bienveillance dont fait preuve la famille Bliss.

Je n'en dirais pas plus, parce que je vous conseille vivement la lecture de ce roman hors norme, dont le narrateur est Fielding, devenu âgé, solitaire et fuyant le monde. Pourquoi ? Que s'est-il passé en 1984 ? pourquoi a-t-il encore de la crème glacée de 1984 dans son congélateur ?

Après un été comme celui que nous avons eu, imaginer la chaleur suffocante n'a vraiment pas été difficile ! Il est question de maltraitance, de racisme, de différence, d'acceptation, de joie de vivre, d'enfance, d'adolescence, de phobies, de magie, de rumeurs, de sang, de tolérance, de pertes, d'amour....

L'autrice de "Betty" ne m'a vraiment pas déçue !

J'ai dévoré ce tome 2, totalement embarquée dans le roman :

496 pages, paru en septembre 2021

J'ai retrouvé avec joie Emily, Julia et tout le personnel. J'étais dans les propriétés, avec les belles robes et les rebellions des femmes !

Cette fois nous sommes au coeur de la Première Guerre Mondiale. Les hommes de l'histoire partent un à un pour soutenir l'effort de guerre français. On attend avec les femmes restées à Londres les nouvelles, qui n'arrivent pas, ou de façon alléatoire. Les télégrames porteurs de malheurs.

J'ai aimé qu'on suive les deux côtés de la société : la noblesse comme les plus pauvres, tous touchés par les décès et les blessés. Chacune cherche à se rendre utile à sa manière. On fait des petits tours en Russie régulièrement aussi.

Je n'ai pas envie de vous résumer le roman, parce que je me retrouverai forcément à divulgâcher l'histoire et ce serait franchement dommage.

On y parle de la place de la femme, des femmes, durant ce conflit. De la difficulté à devenir mère aussi, que ce soit voulu ou non. Du rejet, de la douleur, des silences, de la résilience qui ne vient pas forcément de là où on l'attendrait, des séquelles, visibles ou invisibles.

Cette fois, j'ai été contente d'avoir 500 pages, le premier tome m'ayant vraiment paru trop court. Et à la fin, j'ai appris avec joie qu'il y aura des suites, youhouh ! Même pas un tome, mais plusieurs !

Oh comme j'ai adoré !

251 pages, paru en juin 2020, existe en poche

Nous sommes en Angleterre, en 1912. Lady Julia Ashford vient de perdre son mari Charles et ne s'en remet pas. Elle sombre et perd pied, au grand désespoir de son personnel qui se démène pour qu'elle retrouve un sens à la vie. Ce sens viendra du plus profond de Julia, quand elle se rend compte qu'elle est enceinte de Charles. Emily, la cousine de Julia, est très présente. Féministe convaincue, suffragette, elle refuse le mariage et souhaite vivre libre dans un siècle où les femmes ne le sont pas.

Parallèlement, on suit l'histoire tragique d'Edna, l'ancienne aide-cuisinière de Julia. Elle a quitté le superbe domaine de Longfield Park pour se marier avec un type abominable et vivre à Londres. Edna est battue, de plus en plus souvent, de plus en plus horriblement. Elle est aidée par Will, un des chefs de la pègre londonienne, qui la sort de sa situation critique.

Edna est loin de se douter que Will et Julia sont liés depuis leur enfance par un secret qu'eux seuls connaissent. Elle va devenir le lien entre eux deux, bienveillante et discrète.

On retrouve tellement l'ambiance, le décor, de Downton Abbey. On y parle de la condition des femmes, de la violence de certains hommes, des injustices. J'ai vraiment adoré. Mais 251 pages, c'était bien trop court. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a un tome 2 et qu'il compte presque 500 pages, ah ah !

Ayant aimé le tome 1, j'ai enchainé avec le tome 2 :

384 pages, paru en avril 2022

On retrouve Valentin là où on l'a laissé : à la tête du Bureau des Affaires Occultes, et à la recherche obsédante du Vicaire. Avec l'aide d'Aglaé, il attaque deux enquêtes en même temps. La première et qui ne le quitte jamais, est la recherche de son tortionnaire, le Vicaire, personnage monstrueux. La seconde, qui peut lui permettre de sauver son service, est lié au spiritisme : un obscur mage s'est infiltré dans une famille, les d'Orval. M. d'Orval a perdu successivement sa femme, puis sa fille Blanche. Le mage est parvenu à la persuader qu'il va non seulement réussir à communiquer avec Blanche, mais qu'il va même la faire revivre. La seconde épouse de M. d'Orval contacte Valentin, persuadée qu'un grand malheur va survenir.

On suit donc les recherches poussées de Valentin en magie et en chimie. Il veut démontrer que le mage n'est qu'un menteur qui cherche à profiter de la fortune du père éploré.

Cette lecture pourtant vraiment très riche historiquement, m'a franchement déçue : j'avais deviné qui étaient les méchants dans chacune des enquêtes....et zut. Je suis allée jusqu'au bout, mais s'il y a un tome 3, ce ne sera pas pour moi !

Encore une géniale recommandation de Gérard Collard. Encore un joli cadeau de Cécile, encore une chouette lecture :

560 pages, paru en mai 2022

Nous sommes en 1843, et le corps d'Harriet est découvert dans les latrines de la chapelle de sa petite ville.

C'est un roman à la construction très originale. Suite à cette découverte, se suivent des chapitres avec la voix de son entourage, façon roman chorale, de 1843 (date du premier procès) à 1846 (date du 2è procès). Puis dans une grande seconde partie, c'est Harriet qui parle, à travers son journal.

Quand on sait que l'histoire est vraie, même si certaines parties sont forcément romancées, c'est absolument passionnant !

Je n'ai pas vu défiler les pages de ce pavé. J'ai enchainé les chapitres parce que c'est un petit bijou dans l'écriture. On est plongé dans ces paysages autour de Londres, dans cette vie, dans le quotidien d'Harriet, tellement, tellement abusée par tout son entourage et sous toutes ses formes !

Le seul qui reste louable et bienveillant, c'est Tom, amoureux d'elle depuis très longtemps, mais qui, de fait, devient aussi un suspect. Ambiance des soeurs Brontë, de la rigidité extrême de cette période, de la soumission totale des femmes, de l'abus d'autorité (et pas que...) des hommes, de la pauvreté, des amitiés et des duperies.

Quitter ce roman a été difficile, parce qu'évidemment on s'attache !

Alors allez-y, Gérard avait tellement raison !