Il fallait que j'essaie :
360 pages. Paru en août 2014.
Pourquoi fallait-il que j'essaie ? parce que son 1er roman "La liste de mes envies", était extrêmement réussi et que le second "La 1ère chose que l'on regarde" était absolument raté. J'ai eu une longue discussion avec un de mes bibliothécaires préférés en allant le chercher. Il pensait que le second avait été tellement mauvais qu'il ne fallait pas se donner la peine de lire celui-ci. Je vais pouvoir le lui rendre en enrichissant le débat : c'est à lire !
Comment a-t-il pu passer du très bon au très mauvais ???? La rançon du succès ?
Celui-ci est plutôt réussi, mais accrochez-vous. Il se divise en 3 parties. Dans la 1ère, Antoine le narrateur se raconte, raconte son enfance oh, pas maltraitée, mais pas mieux. Pas d'amour, pas de tendresse, aucun dialogue. La perte tragique d'une de ses petites soeurs, ses parents qui ne s'aiment pas, une mère qui s'en va et sa vie qui part à la dérive. Parce qu'à cette époque, on ne savait pas comment réparer les enfants cassés. Cette partie se termine dans un drame épouvantable.
La seconde partie est toujours racontée par Antoine. Il a fui, loin très loin, au Mexique, et raconte une reconstruction qui tarde.
La 3è partie est racontée par sa fille, cette petite fille à laquelle Antoine a fait une chose abominable (non non, pas d'inceste, ouf, mais abominable quand même), qui se raconte dans un journal, et qu'on suit au fil des mois, sur plusieurs années, dans sa reconstruction.
On sent la dérive d'Antoine, on sent que toute la colère qu'il a retenu va exploser et faire des dégâts. Mais je ne m'attendais pas à ce drame-là.
Et après ? quand on referme le livre, le sentiment profond de mal-être est passé. C'est un livre sur les non-dits qui blessent à vie, sur le pardon, sur la résilience, et c'est bien ce qu'il faut retenir. Du positif donc.
Grégoire Delacourt signe là un bon livre, qu'on a du mal à lâcher (je l'ai lu en 48h) et qui, au-delà du drame, prouve qu'il est possible de s'en sortir.
A lire, vraiment !