Après la catastrophe du Jaenada, il m'a été difficile de retrouver un roman qui m'emballe. Et puis.
Et puis je suis tombée sur le magnifique :
573 pages, paru en 2018, existe en poche
Je suis plus tombée dedans que dessus d'ailleurs !
3 femmes, 3 destins, 3 histoires...
Elles ont à peu près le même âge, elles sont jeunes, et la guerre va les impacter de façon très différente.
Caroline est bénévole au Consultat de France aux États-Unis. Elle travaille énormément. Son but est d'aider au maximum les petits orphelins français, en envoyant des colis de produits de première nécessité dans les orphelinats. Sa mère, française, est aussi investie, puisqu'elle coud de petits vêtements chauds. Lorsque la guerre est déclarée, Caroline va devenir encore plus importante, même en étant à des milliers de kms.
Kasia est polonaise, d'origine allemande. Lorsque son pays est envahi, elle s'engage dans la résistance, et c'est lors d'une opération qu'elle se fait arrêter. Son arrestation entraîne malheureusement l'arrestation de sa mère, de sa soeur, d'une amie. Elles sont emmenées à Ravensbrück, dans des conditions épouvantables. Elle et sa soeur vont subir les expériences abominables effectuées sur des prisonnières. Ravensbrück est le seul camp d'internement exclusivement féminin. Kasia porte la culpabilité considérable d'avoir embarqué sa famille par ses actions dans la résistance.
Herta est allemande, fière d'être aryenne, fière d'être médecin mais dans un monde d'hommes. Elle n'a pas pu exercer comme elle le souhaitait, et prend son poste de médecin à Ravensbrück avec une immense fierté. Elle sera une des médecins amenés à pratiquer des expériences atroces sur des femmes qui seront appellées "les Lapins de Ravensbrück", avec des séquelles terribles.
Elles ne se connaissent pas, mais leur destin va se retrouver lié par la guerre.
On croise un peu d'hommes, forcément. L'amoureux de Caroline, celui de Kasia. Mais ils ne sont pas les héros principaux.
C'est un pavé mais qui se lit avec passion, parce que l'écriture porte ces portraits de femmes et nous marque profondément. Les portraits ne sont pas lisses : Caroline est tellement emportée par la mission qu'elle veut remplir, qu'elle oublie parfois de prendre vraiment soin des femmes qu'elle souhaite pourtant aider. Herta est une vraie nazie, elle y croit, elle adhère, et ne comprendra jamais en quoi ses expériences ont été terribles et inacceptables. Kasia, marquée par l'internement de sa famille et les mutilations subies, révèle un caractère dur et incompréhensible par moment. Pas de misérabilisme, pas d'apitoiements. Le récit explore les caractères de chacune, tel qu'il est vraiment. Et c'est rare !
On les suit un peu avant la guerre, beaucoup pendant, pas mal après. Parce que si la guerre s'arrête en 1945, les conséquences vont perdurer bien au-delà.
Inoubliable, merveilleux ! Notez-le pour Noël !