Et si on commençait ce mois de juin par de la poésie ?
Quand j'ai vu que Baptiste Beaulieu sortait un nouveau roman, j'ai dansé de joie (sur mon canapé) et j'ai sauté dessus (de mon canapé....) :
342 pages, paru en mai 2021
C'est mon auteur chouchou. Donc je n'ai pas lu le résumé.
Et je me suis retrouvée complètement désarçonnée. Rien à voir avec ce qu'il a écrit jusque-là.
C'est l'histoire d'Eugénie et Joséphin.
Ils se rencontrent sur le quai d'une gare.
Commence alors une belle histoire. Mais pas que. Une danse, une ronde.
Eugénie est une inventrice. Confinée d'elle même dans son appartement, elle s'inventer, se réinvente. Se méfie de tout. Surtout des hommes. Ces hommes qui lui ont coupé les ailes. Les gens qui lui ont dit et répété qu'elle était trop grosse, pas adaptée, moche. Elle ne prend pas soin d'elle, elle ne s'aime pas, on le lui a tellement répété : elle n'est pas aimable. Elle est grosse. Elle ne se sent pas grosse. Non. On le lui a dit, répété, de son enfance à l'âge adulte, de sa famille aux soignants. Forcément, elle a fini par y croire ! D'ailleurs elle a perdu des mots, les mots gais comme bonheur, amour, soleil. Elle ne peut plus, ne sait plus les prononcer.
Et là, paf, sur le quai de la gare, elle rencontre Joséphin, le chauffeur de taxi venu la chercher. C'est un coup de foudre, silencieux du côté de Joséphin. Il ne parle pas. Enfin si, il parle.....lorsqu'il fait tourner la céramique, lorsqu'il créé des merveilles sur son tour. Il déverse dans ses créations tout ce qu'il ne sait pas, ne sait plus dire, exprimer.
Et voilà ces deux-là embarqués dans une belle histoire. Ils pansent leurs blessures les mains dans la terre.
Et le roman est un conte, une ronde, une ritournelle, comme s'ils se connaissaient, s'étaient toujours connus, attendus.
La poésie, l'enchantement, sont partout, à chaque page du roman, de façon inattendue. Chaque mot est pesé, soupesé et tombe juste. J'ai souvent relu des phrases deux, trois fois, juste parce qu'elles chantaient bien, parce que la tournure était parfaite. On perd le fil du temps dans ce livre, on est touché, enchanté, emporté !
Inutile de vous dire que j'ai adoré, vous l'avez compris !