Le manuscrit de Birkenau
J'ai poursuivi la lecture de ce si difficile mais si indispensable récit :
445 pages, paru en octobre 2021
Les principaux personnages sont là et ont évolué : soucieux de sauver Levin, Francisco demande à ce qu'il soit déplacé du camp des famille, sous le prétexte de préparer un spectacle de magie. Le camp des familles, vitrine illusoire destinée à une éventuelle visite de la Croix Rouge, doit être démantelé, et tous les occupants éliminés.
Francisco veut sauver Levin, sa femme et leur petit garçon. Mais il n'est que simple SS, étranger en plus, et c'est compliqué. Sans le savoir, il vient de faire transférer Levin dans un enfer abominable : il est affecté au Sonderkommando, le commando des hommes chargés des chambres à gaz. Un commando régulièrement éliminé, pour que ces hommes ne puissent jamais témoigner de ce qu'ils ont vu, de ce qui s'est vraiment passé, de tout l'insoutenable créé par Hitler....
Parallèlement, il veut plus que tout sauver sa Tanusha, qu'il découvre en squelette vivant à la fin du tome précedent. Il parvient à la faire affecter au Kanada, l'endroit où arrivent les vêtements, les valises, les objets des milliers et milliers de juifs envoyés aux crématoires chaque jour. Le prétexte ? Tanusha est l'indispensable assistante du magicien Levin et doit préparer le spectacle avec lui.
Il n'est évidemment pas possible d'écrire que j'ai aimé ce roman. Je le considère pourtant comme essentiel. Essentiel pour rappeler à quel point la haine de l'autre, souvent fondée (infondée...) sur la peur, peut amener à des atrocités. Essentiel pour raconter, pour que ce qui s'est passé ne soit pas vain, pas oublié.
J'ai pleuré à la fin, parce que c'est très dur. L'auteur rappelle d'ailleurs que son envie de raconter ces abominations (quel travail de dingue il y a derrière ces romans ! Que de témoignages, d'échanges, de recherches !) a souvent été dépassée par la peur que ce soit si difficile à lire, que personne ne lise....et pourtant il faut ! Il le faut !
Ces deux tomes devraient être au programme au lycée. Ils sont d'une utilité certaine !
Je repense à Gérard Collard, qui râlait l'autre jour qu'il y a énormément de romans qui sortent sur la Seconde Guerre Mondiale : et oui mais Monsieur Collard, c'est tout à fait logique ! Les archives ont été ouvertes en 2015. Donc consultables. Les chercheurs ont pu y plonger, décrypter, analyser. Puis les romanciers ont pu se servir des travaux des chercheurs....et on arrive en 2021. Voilà !
Alors oui, mille fois oui, c'est dur à lire. Faut-il pour autant jouer à l'autruche ? Oublier ? Penser et croire que cela n'a jamais existé ?
Je dis non et vous encourage franchement à les lire.
De façon tout aussi franche, je vais à présent lire des contes de Noël, de la légèreté, du rêve. Parce que cela aussi, c'est important. Mais en attendant j'ai lu, je sais, et cela change la vision du monde. On est plus riche de ce savoir. C'est un hommage à tous ceux qui sont morts en masse....J'ai été très étonnée du nombre de visite sur le premier tome, totalement opposé au nombre de commentaires. Evidemment qu'il s'agit d'un sujet difficile, mais cela a existé et il peut être intéressant d'en connaître le déroulé. Le sujet fait-il peur ???
Mais maintenant, place à Noël !