Voilà un article qui pourrait être lu par Baptiste Beaulieu ou Martin Winckler, eux qui militent contre la maltraitance médicale.
Voilà plus d'un an maintenant que j'ai de violentes douleurs au bas du ventre. D'abord ponctuelles et isolées, elles sont continues et très fortes depuis plus de 4 semaines maintenant. Évidemment il faut malgré tout tenir debout, continuer à chercher activement du travail, passer des entretiens, assurer l'intendance normale de la maison, ne rien ou peu montrer aux enfants.
Je prends certainement un risque en m'exposant ici, sauf que j'en ai besoin. J'ai déjà mis une partie par écrit, parce que se retrouver sonnée sur un trottoir après un rendez-vous n'est pas normal et qu'il me semblait important de l'écrire. Je comprendrais parfaitement que cela ne vous intéresse pas. Dans ce cas, passez votre chemin, changez de chaine, vous en avez le droit ! Si vous n'êtes pas d'accord, dites-le mais gentiment ! Je peux tout entendre quand c'est dit dans le calme et sans agressivité. J'ai terriblement besoin de douceur.
Bref !
A un moment j'avais un répit le matin dans la douleur, répit que j'appréciais. Et puis plus du tout, faut pas pousser non plus. J'ai consulté ma généraliste, ma gynéco habituelle, cette dernière m'a trouvée un petit fibrome et m'a laissée partir sans réponse (en me remettant sous pilule, même molécule que le stérilet, sans explication, ça fera 96€ merci). Avant cela, il faut savoir qu'après 10 ans de stérilet, j'avais décidé en mai de ne plus en avoir. Le faire retirer par ma propre volonté a été un véritable parcours du combattant. Je ne suis pas contre le stérilet, contre les hormones, je souhaitais, et je l'ai dit, savoir où j'en étais dans mon corps. Demande un peu légitime il me semble, mais qui m'est rapidement revenue en pleine figure, façon boomerang à pleine vitesse. Contre toute attente. Je pensais avoir le droit de faire ce que je veux de ce côté-là, c'est un peu mon corps quand même à la base, il s'est avéré que non. Surprenant, déroutant. Mais je n'ai pas lâché. J'avais BESOIN de savoir. J'avais listé plein de petites choses pas handicapantes mais embêtantes au quotidien (bouffées de chaleur, migraines, vertiges, allergies, etc) et je voulais juste savoir si cela venait ou non du stérilet. Jusque-là ce n'est pas démesuré, on est bien d'accord ?
Sauf que le corps médical (et chaque fois que j'écris ça, j'exclue ma géniale généraliste) avait décidé que non, que le mieux pour moi c'était de porter un stérilet. Mais sans jamais m'expliquer pourquoi. Je veux/peux bien comprendre si on m'explique. Mais le fait que ce soit d'office me dérange et m'interpelle. Et j'en ai le droit. Donc retrait du stérilet (il a fallu que je menace de le retirer, et c'est véridique, avec les dents, pour obtenir un rdv....j'arrive malgré tout à mettre un peu d'humour dans tout ça). Et à partir de là, c'est l'anarchie, la débandade ! J'ai des saignements ponctuels extrêmement violents, façon robinet qui s'ouvre et se ferme violemment. Je ne comprends pas. Si j'ose poser des questions, m'étonner, je n'ai que "fallait pas enlever le stérilet". Pourquoi ????
Au passage la gynéco (qui n'est pas ma gynéco habituelle, j'ai eu le bonheur d'avoir une remplaçante) qui me l'a retiré, n'a pas manqué de me faire la leçon comme si j'avais 5 ans. Ce n'est pas le bon âge pour le retirer, je vais voir les conséquences, ah là là faudra pas pleurer si ça part dans tous les sens ! Et les douleurs ! Et les conséquences ! Est-ce que je me rendais bien compte des conséquences ? En pleine pré-ménaopause ? Quelle inconsciente !
Arrivé à ce stade, je ne réponds généralement plus. Je fais oui avec la tête et je souhaite juste sortir et qu'on me fiche la paix. J'ai bien tenté de lui dire que je voulais juste savoir où j'en étais à 44 ans. Mais quand on se heurte à un mur....
Donc l'anarchie côté saignements et douleurs. J'ai laissé passer 3 mois, pensant que "tout se remettait en place". Et il y a 4 semaines, c'est devenu intolérable, invivable, inhumain. Donc je suis allée voir ma gynéco habituelle, qui a trouvé un fibrome mais "on n'y touche pas" (ah bon ? Pourquoi ???? parce qu'il est trop petit ? qu'il ne va pas évoluer ? qu'il vaut mieux surveiller et attendre qu'il évolue ????? Pourquoi bordel ???? ) et me remet sous pilule "parce que c'est mieux pour moi".
Et voilà, encore sonnée sur le trottoir, sans réponses, évidemment en ayant toujours aussi mal.
ça devient culpabilisant cette histoire de stérilet. Je n'aurais peut-être pas dû le faire enlever ???? Mais pourquoi ????
Et me revoilà à bout devant le bureau de ma généraliste, qui me trouve un rendez-vous chez une autre gynéco. Allez on tente. De toute façon hein....je prends les comprimés de spas*f*o*n par 4, avec de la codéine le soir, sans certitude que ça m'aide mais parce que je ne sais pas quoi faire d'autre !
Et je me retrouve un soir chez cette autre gynéco, où on a atteint des sommets. Si si c'est possible.
Rdv à 18h30, j'ai patienté 1h30 (ça m'a permis de terminer la première chaussette de Loïcia et de largement commencer la seconde, il faut être positif !). Il y avait 4 gynécos dans le cabinet, beaucoup de monde dans la salle d'attente. Il y en a une que je n'avais pas envie d'avoir, la plus âgée, qui me semblait très sèche quand elle passait la tête pour appeler les patients. Bingo elle a été pour moi. Moi et les gens secs....ils peuvent être compétents hein, mais quand tu as mal depuis si longtemps, avec une telle intensité, une personne sèche, aussi efficace soit-elle, ça passe moins bien...bizarre non ?
J'ai eu droit au petit sermon quant au fait que j'avais fait retirer mon stérilet au moment où il ne fallait pas....blablabla....
Et alors là je ne comprends pas, parce que si on m'explique que c'est mieux et pourquoi, je ne suis pas idiote non plus, je peux comprendre. Mais en me faisant la leçon comme si j'avais 4 ans....ben curieusement ça a du mal à passer. Mais je me tais. Je veux juste qu'elle me dise ce que j'ai. Je veux juste qu'elle stoppe ces douleurs que je ne supporte plus. C'est son métier non ?
Elle m'a trouvée tendue. Je lui ai dit et répété 3 fois que j'avais mal et que j'étais extrêmement fatiguée d'avoir mal.
Que j'espérais qu'elle allait m'aider.
3 fois.
Donc "fallait pas retirer le stérilet".
Sauf que j'avais des douleurs avant, un an avant en fait. Au moins.
Fallait pas le retirer, j'aurais eu MOINS mal.
Dans ce cas le stérilet cache des choses ?
Ou améliore ? Parce que ce n'est pas pareil !
Pas de réponse.
Donc apparemment j'ai un truc courant : l'adénomyose : la muqueuse de l'utérus passe et s'incruste dans les muscles de l'utérus, causant d'énormes douleurs (un peu comme l'endométriose mais pour les vieilles en pré-ménopause quoi). Ah
D'accord.
ça se soigne ? Comment ?
Pas de réponse.
Examen gynéco violent, elle m'a fait mal, je n'ai jamais eu d'examen (fait par une femme, merde alors !) d'une telle brutalité. J'ai retenu mes larmes. Elle était en boucle "détendez-vous !!!!".
Ben voyons. Face à un bourrin qui rajoute de la douleur à la douleur, se détendre est impossible. J'ai pensé à un morceau de viande, à la dinde qui est farcie à noël, c'est de saison tiens. J'ai fermé les yeux et accepté parce que simplement j'espérais fortement qu'elle m'aide.
"Je n'ai pas de lésions sévères à l'examen"
C'est sûr, tu es bien partie pour en créer là où il n'y en avait pas !
Ce sont les contradictions qui étaient déroutantes. Une belle : elle me prescrit une prise de sang à faire pour savoir si je suis en pré-ménopause ou pas. Seul problème, il faut arrêter la pilule pendant 15 jours pour la faire. Sauf qu'elle pense qu'il ne faut surtout pas arrêter la pilule pendant 3 mois. La bonne blague non ?
Et du coup je fais quoi ? Comment ?
"Faites comme vous voulez, je vous fais l'ordonnance"
[........................] <= ça c'est quand je me tais
"Et pour la douleur ?"
"soyez patiente"
Madame je n'en peux plus, sincèrement, je suis au bout de ce que je peux supporter
"il faut être patiente, prenez de l'antad*y*s"
Je l'ai fait plusieurs jours, j'ai pris toute la boîte, ça n'a rien changé
"Ah ? Alors faites la PDS quand même"
Donc j'arrête la pilule ?
"Non il ne vaut mieux pas. Mais ne la faites pas sous pilule, ça ne sert à rien. Je vois que vous êtes réfractaire aux hormones [elle le note dans son dossier], vous avez tort"
Je ne suis pas réfractaire aux hormones, j'avais beaucoup d'effets secondaires et j'avais besoin de savoir où j'en étais
"Regardez où ça vous mène...."
[........]
Vous savez pourquoi j'ai davantage mal le soir ?
"Oui ces douleurs-là sont amplifiées par la fatigue et le cumul le soir, c'est normal"
Ce n'est plus normal, j'ai trop mal
"il faut attendre, faites vos examens et revenez me voir"
[alors là tu peux m'oublier !]
Je ne veux pas qu'on me trouve "quelque chose", je veux que quelqu'un me soulage enfin, je n'en peux plus !
"Soyez patiente, ne laissez pas la douleur s'installer"
Comment je fais pour ne pas la laisser s'installer en ayant mal en permanence ???
"La meilleure solution c'est de retirer l'utérus, vous ne voulez pas qu'on en arrive là QUAND MÊME ?" (menace ? punition ? et pourquoi je serais punie d'avoir mal ?????) "Sinon je peux vous prescrire une IRM mais il y a deux mois d'attente, vous ne tiendrez pas jusque-là si ?"
[..........]
(oui je sais je finissais par me taire beaucoup)
Voilà. Je suis sortie à 20h30 avec 3 ordonnances dont une avec laquelle je ne savais pas quoi faire. Et j'étais seule et je l'étais en rentrant. Hugo avait préparé à manger (des pâtes, faut pas pousser hein) et les enfants m'avaient fait une assiette à laquelle j'ai eu du mal à toucher, mais c'était gentil.
Je n'ai rien dit, pas répondu parce que je suis à bout, épuisée, et que dans ce cas-là, il est difficile voire impossible d'avoir du répondant, de se défendre. C'était un lundi. J'ai pris rendez-vous chez ma généraliste pour le jeudi suivant. J'ai eu rendez-vous pour l'écho prescrite 10 jours plus tard.
J'ai continué à avaler les 17 médicaments quotidiens prescrits par ma gynéco, qui ne changeaient rien mais me donnaient le sentiment d'essayer.
Et j'ai cessé de dire que j'avais mal puisque je n'étais pas entendue et que ça ne changeait rien.
J'ai perdu confiance dans l'humain. A chaque fois que je tente de demander de l'aide, la réponse est violemment négative, des gens dont c'est le métier à la base, et qui sont normalement en capacité d'aider ceux qui en ont besoin.
Depuis j'ai eu des réponses, l'écho prescrite, et bien prescrite, le diagnostic posé, tout était bon. La gynéco que j'ai vu est une excellente technicienne, mais humainement catastrophique et il faut avouer que c'est dommage. Une bonne mécanicienne quoi.
J'ai écrit tout ceci pour témoigner, parce que cette maltraitance vécue n'est pas exceptionnelle. Pour autant, et j'en reste persuadée, elle n'est pas acceptable, à plus forte raison quand on est à bout, épuisé, et que personne ne donne de réponse, à part enfoncer et appuyer sur une "faute" qu'on aurait commise (ici enlever le stérilet) et dont on ne comprend pas les raisons.
Je répète que cette gynéco est une bonne médecin, puisque ce qu'elle a prescrit s'est avéré juste. Je pense néanmoins qu'il y avait d'autres façons de le faire, plus humaines, plus à l'écoute, sans culpabiliser et sans brutalité.
Aujourd'hui je suis à fleur de peau, la moindre remarque me touche de façon démesurée, je n'y peux rien. Mais j'ai eu l'impression de retourner au moyen-âge avec elle ("serrez les dents et taisez-vous"...) , une médecine d'un autre âge.
Heureusement j'ai une généraliste formidable, qui a su trouver des solutions. J'en parlerai après-demain, cela me semble vraiment important parce que ce dont je souffre n'est pas rare, juste méconnu, et que si je peux aider par un article, c'est avec grand plaisir.
Je mets même du suspense dans toute cette histoire dites donc !!!!
Merci à celles qui ont tenu jusqu'ici, pardon à celles qui auront été choquées, et pardon aussi à toutes celles qui vont être étonnées par ce que je traverse parce que je n'ai rien laissé paraître. Pas par honte, mais parce que je n'avais pas de réponse, juste un énorme découragement et une perte de foi dans l'humain.
Un immense merci à Cécile, Cécile et Nelly, qui ont été et sont à mes côtés depuis des mois , à la présence palpable et bienveillante d'Esperluette et de mes copines des TE, aux Orléanaises et à ma généraliste.
PS : on continue après-demain ?
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