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Des chaussettes araignées 🕷 pour Gabriel :

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Une très belle couverture de Noël :

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22 octobre 2020

Merci aux soignants

Il m'a fallu un peu de temps pour me décider : j'en parle ou pas ?

Allez, oui, parce que ça peut servir, sait-on jamais. Ne serait-ce qu'à moi, pour garder une trace de ce qui s'est passé.

Et surtout pour remercier les soignants.

Dimanche 11 octobre. Je me réveille avec un énorme mal de tête, des acouphènes importants à droite, une insensibilité totale du visage à droite, un gros mal d'oreille à droite, une perte complète d'audition à droite et des vertiges légers. Bon. Pas de panique. Ayant eu piscine la veille, c'est une évidence : j'ai une bonne otite.

J'appelle SOS médecin et on me donne rdv dans l'après-midi. Je prends mon petit-déjeuner. J'apprendrai plus tard que j'aurais parfaitement pu avoir une fausse route en mangeant !

Le médecin qui me reçoit, au vu des symptômes, n'est pas seul, il y a un autre médecin avec lui. Là encore, têtue, je me dis que ça ne sert à rien d'être deux pour une otite. Ils me font passer un tas de tests neurologiques, et échangent entre eux en prenant garde d'utiliser un jargon médical incompréhensible pour moi. Assez vite, je m'aperçois que j'ai une bonne perte d'équilibre à droite. Ils m'expliquent aussi que ma pupille droite "saute" (nystagmus), ce que je ne sens absolument pas. En plaisantant, je leur dis que tous ces tests sont inutiles puisque j'ai juste une otite. Il leur faut me répéter plusieurs fois que je n'ai RIEN à l'oreille avant que "j'entende". Têtue un jour...

Paradoxalement, je ne supporte pas le bruit, surtout aigu (ça résonne dans ma tête), mais être dans le silence est presque pire tellement je n'entends alors que les acouphènes.

L'un d'entre eux rédige 2 pages, que je dois transmettre à un ORL le lendemain à l'hôpital. Je repars avec une ordonnance pour une grosse dose de cortisone. Zut, je sais que la cortisone et moi, ce n'est pas le grand amour. Mais admettons, si ça permet de faire passer ce gros mal de tête et ces acouphènes très gênants. Ils sont si forts que je ne parviens pas à comprendre que personne d'autre ne peut les entendre ! Pour eux, il s'agit qu'une paralysie faciale à frigore. Merci Google.....ça n'est pas si rare et peut venir d'un virus, d'une autre cause, voire de pas de cause du tout (youpi). ça peut passer en quelques heures comme en quelques semaines (re-youpi). C'est bénin mais pénible (ah ça....)

Le lendemain, je vais au travail à pied (si si !). Là, j'appelle le service ORL de l'hôpital et tout s'enchaine assez vite. Trop. L'interne au téléphone me dit que mes symptômes évoquent plutôt une suspicion de méningite, et que je dois me rendre au plus vite aux urgences. Je ne pense pas une minute à moi, mais à mes collègues : je les ai mis en danger.

Un très gentil reponsable m'accompagne aux urgences. Je comprendrai plus tard qu'il a bien fait puisque j'ai encore la perte d'équilibre à droite (que je ne sens pas du tout non plus. Je ne me sens pas bancale). Là aussi, ça va vite : installation sur un brancard, dans un box, tentatives vaines de pose de perfusion. Je ne bronche pas, me laisse faire, trop mal à la tête. Je pensais partir pour 20mn, une heure à tout casser, je vais en fait rester 11h sur ce brancard ! Il est 8h30. J'ai juste mon sac avec moi, pas de liseuse. Heureusement, et c'est rare, j'avais un tricot avec moi ! Yeah !

Après une prise de sang laborieuse, c'est de nouveau toute une batterie de tests neurologiques qui s'enchaine. Toujours un déficit marqué à droite : audition, équilibre, douleur, sensibilité. Ce qui me gêne le plus, ce sont les maux de tête et les acouphènes ("mais enfin, vous êtes sûrs de ne rien entendre ??? Il y a un marteau-piqueur dans mon oreille droite et personne n'entend ? VRAIMENT ?")

A 11h30, je suis dans le couloir, il faut libérer les box d'examens rapidement. Ah ok. J'ai faim et soif.

A mon arrivée, on m'a fait passer une chemise d'hôpital, comme à tous ceux qui arrivent. Toute la journée, je vais me demander pourquoi, ah mais pourquoi les patients qui en sont capables seuls mettent les pressions DANS LE DOS ? J'ai enfilé la mienne avec les pressions devant, ce qui se révèlera bien plus pratique ! Je garde mes sous-vêtements, mon pantalon, mes chaussettes. Je garde ainsi un peu de dignité. Mais toujours cette confiance (aveugle ? autruche ?) : ce n'est forcément pas grave. J'ai très soif, besoin de faire pipi. Je remets mes chaussures et pars à la recherche des toilettes.

Là, je constate avec une grande tristesse que les couloirs sont remplis de gens qui attendent sur des brancards. Partout. Et ils attendent, les yeux dans le vide, recroquevillés. Souvent âgés, mais pas forcément.

Je reviens sur mon brancard, m'asseois et ô bonheur, me mets à tricoter. Exutoire.

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Le personnel qui passe me complimente sur mes chaussures, ah ah !

Le temps passe. IRM prévue à 13h. Bon. Je tricote. J'ai faim, soif. 13h me semble tellement loin !

Nous sommes à présent 6 sur des brancards dans ce couloir-ci. Je me dis que c'est plein, c'est bon. Mais non, les soignants parviendront à en caser un 7è ! Misère. De temps en temps, l'infirmier passe prendre ma tension ("une tension de jeune fille !" Ah je suis donc déjà si vieille !) et ma température. Interdiction de boire tant que l'IRM n'est pas passée. Dur. A côté, des dames âgées arrivent avec des tensions de 20 et pas un mal de tête ! Dingue. Ben oui, quand on est dans un couloir....on participe à tout, pas le choix. Et inversement.

Je ne me plains pas. Parce que tout au long de cette journée, les soignants se sont montrés formidables. Ils ne sont absolument pas en cause dans ces brancards alignés, ce manque d'intimité, de dignité parfois, ce manque de place, de temps. Oh que non. Ils font tout ce qu'ils peuvent, dans une grande gentillesse. J'assiste à tout parce que je le peux, j'en ai les capacités. Donc je n'ai rien de grave (je sais parfaitement faire l'autruche !), j'en resterais persuadée.

Comme j'ai toujours envie de me taper la tête contre un mur, l'infirmier me donne un comprimé.....de tramadol. Je ne veux plus prendre d'opiacé. Non que je sois accro, mais je ne veux plus, ça ne fonctionne pas. Lui, ce qu'il veut, c'est m'aider à ne plus avoir mal. Je le prends parce que j'ai vraiment mal et que ça va peut-être marcher, soyons fou ! Je le prends par ignorance aussi de ce que c'est. Il paraît surpris que je pose des questions, que je ne prenne pas sans savoir au moins le nom. Alors non ça ne fonctionne pas. Je plane, je me sens défoncée, mais côté maux de tête et d'oreille, nada ! Sauf que pendant un moment, je ne vais plus poivoir quitter mon brancard, le comprimé ne me permettant plus de tenir debout de façon stable...

L'IRM arrive. Avec du retard, mais on est aux urgences donc...

Passer une IRM avec un mal de tête et une caisse de résonnance dans les oreilles est un calvaire. Il le faut, pas le choix.

Retour dans le couloir. L'inconvénient, c'est que j'entends tout. Absolument tout. "Méningite, non. AVC, tumeur cérébrale, anévrisme, sinusite : en attente des résultats de l'IRM". Ah crotte. J'apprendrais plus tard qu'ils ont aussi cherché la sclérose en plaques et le Covid (ah tiens ça manquait non ?). On me propose un autre comprimé de tramadol, je refuse en expliquant que je gère la douleur par le tricot. J'ai bien vu leur incompréhension. Ce n'est pas grave. Mon refus est respecté.

Parce qu'une autre chose m'a sautée aux yeux : la jeunesse de tous ces soignants. Jeunes. Très jeunes. Très gentils et bienveillants. Mais très jeunes. Tous ! Où sont passés ceux qui ont de l'expérience ???? Ils ont craqué ? En repos ? Pas un n'a plus de 30 ans et je suis gentille. Pourquoi ?????

Malgré cela, ils gèrent formidablement l'encombrement, la saturation évidente des urgences. Ils sont rassurants et font leur maximum. Parce que j'y suis restée 11h, mais avec la même équipe ! Comment ils font ? comment ils tiennent ?

17h, j'attends les résultats de l'IRM. Je tombe avec une immense joie, au fond de mon sac, sur ma banane du matin (oui oui, je mange une banane vers 10h), oubliée avec tout ça. Je fonce la manger en douce aux toilettes. Je me marre toute seule. J'en profite pour boire, boire, boire. 11h sans manger ni boire. Je veux bien être gentille et tout et tout, mais là c'est trop.

17h30 : les résultats arrivent : rien. Je les attendais avec une immense ambivalence : envie énorme qu'il n'y ait rien, que tout ça soit pour rien, et en même temps, s'il n'y a rien, j'ai quoi ??? Moi, têtue "ah, je vous avais dit que c'était une otite !"

"....."

Je gagne le droit de MANGER !

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Je me sens surtout coupable. Coupable d'avoir occupé un brancard autant de temps, d'avoir pris du temps aux soignants, d'avoir inquiété mes proches, d'avoir laissé ma collègue gérer seule la journée. Coupable de ces symptômes sans raison exacte, sans cause définie. Le syndrôme de l'imposteur dans toute sa splendeur. Alors je ressors à 18h en colère immense après moi, mon corps. Parce qu'en plus d'avoir toujours mal, je suis totalement épuisée par cette journée d'attente. Et j'en suis au même point que la veille. L'interne me propose de prendre un rdv avec l'ORL...dans 3 mois. Effarée, je lui dis que je ne tiendrai pas 3 mois comme ça. Il me trouve alors un rdv pour le jeudi. Il s'est démené, je le sais, je le remercie.

En attendant, il faut "dormir et se reposer". Ah. Avec autant de bruit dans l'oreille ? Comment on fait ?

Le lendemain, direction ma gentille généraliste avec ce même diagnostic : paralysie faciale à frigore (ça se prononce frigoré). Une semaine d'arrêt, repos. Difficile de se reposer avec un mal de tête qui ne passe pas. Le jeudi, je passe le bilan ORL. Même diagnostic. Bonne nouvelle : mon audition perdue est complètement revenue. Le jeudi soir, mes acouphènes vont enfin voir ailleurs, le mal de tête s'atténue. Il y a plusieurs causes possibles, mais aucune ne peut être prouvée. Alors tant pis.

J'ai "profité" de cette semaine pour rattraper mon retard dans mes mails, mes notifications, j'ai coupé de futures réalisations à coudre à défaut de pouvoir coudre (impossible quand le moindre bruit est intolérable, alors une machine à coudre....non) et je m'y suis mise quand c'était possible. J'ai arrêté le Pilates pour une semaine, trop de vertiges, tant pis. J'ai dormi aussi, un peu shootée quand il le fallait. On m'a demandé des tas de fois comment je fais pour ne pas paniquer. Je n'en sais rien. Avec le temps, j'ai appris à comprendre les signaux de mon corps. Là, ils me disaient que ce n'était pas grave. C'était douloureux, très, gênant, fatiguant, mais pas grave. Et tant que c'est bénin, ça va je trouve.

J'ai eu de la chance d'être prise en charge très vite. D'avoir une IRM cérébrale dans la journée. Qu'on me laisse gérer la douleur en tricotant même s'ils ne comprenaient pas et que ça les intriguait. Ils n'ont pas compris mais n'ont ni jugé, ni cherché à aller contre mon besoin. Et rien que cela, c'est formidable.

Les urgences sont bondées, le personnel est jeune et débordé. Quel est ce système en France ? Comment en est-on arrivé là ? Parce que je n'étais même pas dans les urgences Covid ! Donc ce sont des urgences du quotidien, celles qui sont en permanence bondées, celles où des tas de gens passent des heures sur des brancards avec un personnel dévoué et qui fait au mieux ! Qui fait même des miracles (une IRM en quelques heures, ça tient du miracle) et ne se plaint pas. Jamais.

Voilà, je voulais leur rendre hommage : Pauline, la jeune sage-femme, qui s'est démenée pour m'apporter à boire et un plateau alors qu'elle était débordée, Julien l'interne et tous les autres. J'ai continué à sourire, à ne pas me replier, à garder espoir : ce n'est pas grave, ça va passer. A ce jour, il reste plusieurs hypothèses : la cochonnerie de masques DIM distribués et que nous avons été OBLIGÉS de porter (j'en veux terriblement au gouvernement, pas à ma hiérarchie). Si vous n'avez pas suivi, ils ont été distribués à des millions de fonctionnaires et contiennent du zeolithe d'argent....Si c'est cela, c'est impossible à prouver. Autre hypothèse : un virus. Il faut avouer qu'avec toutes les précautions prises en ce moment, c'est peu probable. Mais admettons. Enfin : le stress, ou aucune cause, ce qui arrive. Je ne me battrais pas pour trouver la cause. A ce jour, je vais mieux. Il reste la fatigue et les maux de tête qui reviennent le soir. Un moindre mal. J'ai récupéré ma sensiblité sur le visage, mon audition et les acouphènes ont disparu, c'est l'essentiel. Enfin : les syndicats ont été remarquablement réactifs et les masques dangereux très rapidement retirés, les agents alertés en quelques heures.

 

MERCI AUX SOIGNANTS et à ma généraliste

merci3

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Commentaires
A
Oh oui, ils sont jeunes les soignants ! Les hôpitaux tournent avec les internes. Jeunes, exploités, mal payés. les gardes leurs sont payées moitié moins que celles des infirmières, il faut le savoir, et équivalent à moins de 5 euros de l'heure. Qui travaillerait pour si peu ? Mais ils ont encore l'énergie, et heureusement, le sourire pour la plupart, même si leurs conditions de travail sont souvent déplorables !<br /> <br /> Je suis heureuse que tu ailles mieux.
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D
Ben dis donc, quel calvaire tu as vécu ! comment as-tu fais pour rester aussi sereine même avec le tricotage ? Tant de temps aux urgences, tant d'attente pour aller aux toilettes et avoir un petit repas ..... Personnellement j'aurais injurié tous les Dieux de la terre et du ciel pour qu'ils me sortent de cette situation insupportable ! et pourtant c'est vrai que le personnel fait de son mieux !!!!! J'espère n'avoir jamais à me rendre aux urgences, d'en parler ça me stresse. Bon rétablissement . Bises
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M
Merci pour ce témoignage, du vécu .... Les hôpitaux débordent de nouveau partout, en Suisse aussi et le personnel fait tout ce qu'il peut... Je te souhaite d'aller de mieux en mieux et vive le tricot qui soulage ! Bon week end
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N
Merci de votre courage à témoigner !<br /> <br /> Ces personnes dévouées font ce qu'elles peuvent avec ce qu'elles ont à leur disponibilité...<br /> <br /> Je vous souhaite d'aller de mieux en mieux avec toujours de jolies laines à proximité.<br /> <br /> J'aime bien votre élocution.
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R
Je connais très bien les acouphènes et je vis depuis dix ans avec...<br /> <br /> Le tricot a du bon dans ces cas-là, c'est sans aucun doute le meilleur des médicaments.
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