Un roman (trop !) court :

176 pages, paru en août 2023

Le narrateur, Amine, apprend au téléphone le décès de son père. Devenu pianiste connu, il a quitté Trappes depuis des années, en ayant construit un mur entre lui et le reste de sa famille, surtout son père.

Celui-ci était silencieux, tout le temps. On dit "taiseux".

Ces silences ont engendrés des malentendus, des désaccords, des mésententes.

Amine croit qu'il a fini par vivre avec.

Sauf qu'en rangeant et triant les affaires de son père, il tombe sur une grosse enveloppe : des cassettes audios, étiquetées avec soin : l'année, le lieu. A sa grande surprise, il entend la voix de son père, cette voix si peu entendue, et y découvre son histoire, difficile : les mines, le travail, les renoncements, les douleurs. Ce père silencieux avait choisi de parler à son propre père, de lui raconter régulièrement sa vie.

Peu à peu, Amine comprend ce qui a poussé son père à se taire, tout en le regrettant. Au fond, ces silences les ont empêchés de se connaître, de se comprendre. Il part à la rencontre des anciens amis de son père et découvre un homme incroyable, qui peu à peu s'est enfermé dans ses silences.

C'est un beau livre, que j'ai trouvé trop court !

J'ai eu la chance d'assister à une belle rencontre avec l'auteur :

Quel roman, mais quel roman !

576 pages, paru en 2021, existe en poche

Je l'ai emprunté à la bibli, pour l'avoir en grand format.

Il s'agit du récit de la vie incroyable de Marie Grosholz, que l'auteur a mis 15 ans à écrire, et qu'il a forcément romancé.

On suit la vie absolument dingue et pourtant difficile de Marie, surnommée Petite, qui sera la future Mme Tussaud, du musée de Mme Tussaud, l'équivalent londonien du musée Grévin à Paris.

Marie Grosholz nait à Strasbourg en 1761. Dès sa naissance, sa vie est compliquée. On la dit laide, inutile et j'en passe.

On va suivre toute sa vie, de Strasbourg à Paris, puis Londres. De l'avant révolution, à la Révolution, puis la Terreur.

Le livre en lui-même est magnifique. Le long des pages, on retrouve les dessins de Marie, qui illustrent superbement le récit.Très tôt apprentie chez un sculpteur sur cire qu'elle vénère, Marie va apprendre les techniques, les couleurs, mais aussi à dessiner, l'anatomie humaine. Curtius est un homme étrange, très silencieux, pas sociable, pas aimable. Marie va le dérider et le rendre au monde. Il sculpte pour l'hôpital de Berne, des commandes d'organes plus vrais que nature. Mais pour cela, il a besoin de vrais organes et n'est pas vraiment bien perçu par les autres, tant à l'hôpital qu'en dehors. Passionné, il ne s'en rend pas vraiment compte !

Grâce à Marie, il s'oriente vers les sculptures d'humains, des vivants. D'abord uniquement les visages, puis les têtes, puis les corps entiers. Ils connaissent un grand succès à Berne, jusqu'à ce que.....stop, je n'en dis pas plus !

Curtius et Marie sont heureux. Ils arrivent à Paris et c'est franchement moins joyeux pour Marie, dont la situation se dégrade.

Je m'arrête là pour ce résumé.

C'est un livre PARFAIT pour s'évader de l'actualité. Le ton est tellement décalé, le sujet tellement inédit, le récit tellement prenant, qu'on ne voit pas le temps passer !

C'est un vrai coup de coeur en ce qui me concerne. J'ai vraiment adoré !

J'ai beaucoup aimé !

336 pages, paru en mars 2023

Nous sommes à Las Vegas en 1952. Summer est mariée à un militaire. Chef de projet des essais nucléaires, il tient à ce que sa femme se tienne à sa place. Ce qu'elle fait de façon automatique....jusqu'à l'arrivée de Charlie.

Charlie est solaire, elle est belle et le sait, l'assume, elle semble si forte ! Summer tombe en admiration direct.

Les deux femmes vont se rapprocher, se lier, s'aider, s'entraider. Summer réalise qu'elle hait cette docilité imposée, l'image qu'elle renvoit et ses "obligations" de façade : organiser les apéritifs dont on parle, mettre en lumière son mari...

Et au milieu de cette formidable amitié, il y a la guerre froide, l'intolérance, les essais nucléaires, la société patriarcale et la soumission des femmes.

Peu à peu elles comprennent qu'elles doivent se sauver. Mais comment peut-on se sauver en 1952 ? Pour aller où ? Vivre de quoi ?

C'est drôle que je lise deux livres presque consécutifs sur les essais atomiques à cette époque aux États-Unis. Les sujets n'ont rien à voir, seul le contexte est identique.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, très prenant !

Par l'auteur des "Mémoires de la forêt" :

288 pages, paru en janvier 2023

On est très très loin des jolis graphiques des Mémoires de la forêt !

Ce roman aborde énormément de thèmes : la différence, la violence, le racisme, la domination masculine, la fraternité, l'amour....

Nous sommes dans un tout petit village de Provence. Là vit Claude, une femme âgée, veuve, qui a eu une vie très difficile. Elle s'est débrouillée comme elle a pu pour élever ses deux garçons. Aujourd'hui, elle cache le plus jeune, Paul-Marie, dans son grenier.

Il était comptable à la mairie et doit se cloîtrer dans le grenier de sa mère pour ne pas être lynché. Que s'est-il passé ?

Il a hébergé Enzo, un jeune homme atteint de déficience mentale et tout a dérapé.

C'est un récit très brut, cru, à la limite du supportable par moment. Paul-Marie, Enzo, Claude, et Geneviève la mère d'Enzo, alternent leur voix pour nous raconter leur histoire présente et passée.

C'était aussi difficile que beau. L'auteur a de très belles phrases, poétiques, des expressions percutantes, des répliques qui font mouche.

Coeurs sensibles s'abstenir !

Un moment d'histoire peu reluisante des États-Unis :

224 pages, paru en février 2023

Nous sommes en 1957. L'armée américaine effectue ses essais nucléaires dans le désert du Nevada.

Tom a 13 ans, une soeur de 2 ans son aînée, Maxine, très belle ado qui fascine et attire les copains de Tom.

ça l'agace mais il n'y peut pas grand chose. Il sait que Maxine est solaire, qu'elle ne fait rien de particulier, qu'elle est comme ça : superbe.

Tom est surtout proche de Phil et Louis. Les 3 garçons vont se baigner dans la rivière, passent des soirées magiques sur les toits des maisons à refaire le monde, et sont obnubilés, comme tous les habitants, par les bombes et leurs explosions incroyables.

A St George, où ils habitent, les touristes affluent tellement que la ville créé une cérémonie pour élire Miss Atomic !

Mais le but des garçons, c'est de fuguer discrètement pour aller voir au plus près une énorme explosion.

Pourtant, les poissons morts se multiplient, les effets catastrophiques sur la santé humaine aussi, mais tout est tu, tabou, tant la fierté de ces essais l'emporte sur toutes les conséquences épouvantables.

Un court roman à lire en une fois !

Un livre coup de poing :

305 pages, paru en septembre 2022

Je l'ai emprunté à la bibli, mais il fait partie, pour moi, des livres que toutes les femmes devraient lire, au même titre que "C'est mon corps" de Martin Winckler.

Evidemment, il ne se lit pas d'une traite. Je lisais une trentaine de pages par jour.

Quelle baffe !

L'autrice a réalisé des enquêtes de terrain : pendant plusieurs mois, elle a suivi et accompagné des gynécos lors de leurs rendez-vous avec des patientes. Elle a un regard absolument neutre et sans jugement. Elle explique ce qu'elle constate, sans le moindre parti pris.

C'est la lectrice qui, au fil des pages, prend conscience de l'absurdité d'un système qui, au départ, était pourtant destiné à aider les femmes. Aujourd'hui, on est dans un contrôle total, ancré dans les esprits et les habitudes.

Rien, aucune étude, ne justifie un "contrôle technique annuel" chez la gynéco. Et pourtant on y va, sans trop se poser de questions, et toujours avec la boule au ventre de l'examen gynéco inévitable "pour notre bien".

Rien ne le justifie annuellement ! (hors problème de santé ou pathologie)

Rien !

Mais dingue !

Le contrôle est constant : la pilule est prescrite pour quelques mois uniquement. Il faut revenir pour voir l'ordonnance renouvelée !

On se fait, gentiment ou pas, recadrer et sermonner si on dévie un peu du système établi !

Les contraceptions sont dans un contrôle constant. Cela m'a évidemment rappelée à quel point faire retirer mon stérilet a été compliqué lorsque l'endométriose a gagné du terrain. Il a fallu que je menace (!) de l'enlever moi-même pour que la gynéco accepte, non sans une bonne leçon de morale bien appuyée !

Les bras m'en tombent, parce que je n'avais jamais jamais pris conscience de ça, de tout ce contrôle qu'on a complètement accepté alors qu'il nous pèse terriblement. Pourquoi les hommes n'ont-ils pas d'équivalent si c'est une norme acquise ???

Empruntez le en bibli, demandez son acquisition s'il n'y est pas, mais lisez absolument ce livre ! Faites-le lire aux ados, aux femmes de votre entourage, pour que toutes, nous ayez une opinion éclairée sur ce qu'on accepte, ou pas, sur notre corps.

Une révélation pour moi, bien que tardive

Ah là là, j'ai adoré !

416 pages, paru en janvier 2023

C'est une histoire vraie, romancée. Tout existe, tout est vrai, sauf les personnages, qui sont fictifs.

En Allemagne, à Bad Arolsen, il existe un centre, anciennement le International Tracing Service. C'est un centre de documentation, d'information et de recherche sur la Shoah et la persécution nazie, qui a ouvert en 1948, et qui est resté très confidentiel jusqu'en 2016. A cette date, une nouvelle directrice arrive et tout change. Elle communique, et cherche à rendre cet immense centre utile.

Irène y est arrivée en 1990. Elle a épousé un allemand, ils ont eu un fils, ils ont divorcé....et elle est restée. Le centre regroupe en effet des archivistes/enquêteurs-rices de toute nationalité.

La directrice leur demande de chercher les descendants de tous les internés dans les camps, pour leur rendre les objets conservés dans le centre, qui se comptent par dizaines de milliers. Ces objets n'ont pas de valeur marchande, mais ils sont une part de l'histoire, une grande part d'émotion, pour ceux qui les reçoivent. Cela peut être un mouchoir, une photo, une peluche....les formes sont multiples.

Nous suivons donc Irène dans plusieurs enquêtes passionnantes. Elle part de "traces" et remonte un fil tout fin, pour trouver les descendants. Rares sont ceux qui refusent ce cadeau, même si le poids est parfois extrêmement lourd moralement.

J'ai adoré ce roman, aussi instructif que prenant, avec des histoires riches, denses, et qui sont loin de s'être effacées avec le temps. Son travail permet même parfois à des familles de se réparer, ou de se retrouver.

Vraiment, passionnant et profondément optimiste !

Comment passer à côté de ce livre ? Impossible ! Je l'ai acheté dans une très jolie librairie de Rennes, Nilmoë :

272 pages, paru en octobre 2022

Un roman incroyable.

L'autrice est ukrainienne. Elle a choisi le biais de ce roman pour nous apprendre l'histoire de son pays.

K. est archiviste dans une ville ukrainienne détruite par "l'ennemi". Elle a une soeur jumelle, reporter, qui est partie sur le front. Elle n'a pas voulu, pas pu partir, pour deux raisons :

- sa mère, atteinte d'un cancer, ne peut plus se déplacer. Donc K. veille sur elle

- son métier lui permet de rester pour veiller sur tout le patrimoine de son pays. En effet, au moment où les ennemis envahissaient son pays, un élan de tout le personnel culturel a permis de mettre à l'abri un nombre considérable d'oeuvres dans les sous-sols protégés de l'immense bibliothèque. Tableaux, romans, poèmes, sculptures, tout est là.

Un soir pourtant, un ennemi vient lui ordonner de falsifier des oeuvres qui sont le pillier de l'histoire de l'Ukraine, sinon elle met en danger la vie de sa soeur.

Chapitre après chapitre, dans un style très poétique et lumineux, l'autrice nous raconte l'histoire d'une oeuvre, d'un personnage. C'est très intéressant, enrichissant, et le livre se lit sans qu'on s'en rende compte !

Mais qui dupe l'autre dans ce jeu sans fin, entre K. et l'ennemi ?

Une dystopie ? En est-on vraiment très loin ?

512 pages, paru en avril 2023

Il paraît que c'est l'un des meilleurs livres de 2022 pour Barack Obama. Bon, ça n'a pas été mon critère de choix !

La couverture m'a attirée, ainsi que le titre, et le thème.

Frida est une maman solo épuisée. Sa petite fille Harriet, 18 mois, lui demande énormément d'énergie. Elle est heureuse d'avoir trouvé un travail mais celui-ci lui réclame également beaucoup d'attention et un jour, elle commet UNE erreur. Harriet pleurant encore et encore, elle sort, part chercher un document au travail et ne voit pas le temps passer. C'est juste une maman épuisée.

Elle reçoit un message de la police qui la tétanise :"Nous avons votre fille".

Elle fonce récupérer, pense-t-elle, sa petite fille, persuadée que les gens vont comprendre sa fatigue extrême....mais c'est le début d'une lutte sans fin pour ne serait-ce que voir Harriet 10mn. Ses voisins, en entendant pleurer la petite fille, ont appelé la police.

En un instant, dans cette société de jugement extrême, de surveillance pointilleuse, Frida perd sa fille, son appartement, son travail, et même le soutien de ses parents. Les conséquences négatives s'enchaînent dans une descente vertigineuse.

Elle est envoyée pour un an dans une école où on va lui apprendre à être une bonne mère, avec des cours tous les jours. Elle est enfermée avec d'autres mamans "défaillantes". On leur attribue un enfant robot ultra réaliste, qui reprend les caractéristiques de sexe, d'âge et de peau de leur enfant.

J'ai été d'autant plus plongée dans ce roman que je sais, qu'au fond, c'est malheureusement plausible...

Un très très bon roman

Un Poche à la couverture étrange, trouvé dans une boîte à livres :

290 pages, paru en 2009 en poche

Clara est une thanatopracticienne de grand talent. Elle sait rendre aux morts leur meilleur aspect, ce qui aide considérablement les familles à effectuer leur deuil. Elle est extrêmement discrète, effacée, sait se rendre transparente et ça fonctionne : personne ne la voit.

Elle passe ses journées dans le sous-sol du funérarium et ça lui convient complètement.

On comprend qu'elle a été recueillie par le propriétaire du salon funéraire et de sa femme.

Un jour, alors qu'elle remonte dans les salons, elle fait la rencontre d'une petite fille, Trecie, elle aussi très étrange. Clara est immédiatement renvoyée vers une petite fille dont elle s'était "occupée", et dont malheureusement le tueur n'avait jamais été retrouvé.

Un jour, Trecie disparaît....

Alors jusque-là, ça va. Mais je me suis retrouvée complètement perdue par moment : pourquoi Clara est si étrange ? Pourquoi Trecie également ? J'ai même fini par me demander si elles étaient réelles. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette drôle de sensation d'être passée à côté : mauvais timing de mon côté peut-être ? Ou alors c'est ce que l'autrice recherche ?

J'attends avec impatience que Loïcia le lise pour qu'elle me donne son avis, et m'éclaire sur les questions qui restent en suspens !